Dry needling : l’aiguille qui soulage les douleurs des coureurs

Et si les muscles ultra-sollicités par la course à pied pouvaient être soulagés autrement qu’avec un massage ? C’est l’ambition du « dry needling » qui veut supprimer les tensions à l’aide de petites aiguilles intra-musculaires. Pour percer le mystère de cette technique, le kinésithérapeute du sport formé au dry needling Noé Gérard a répondu à nos questions.

Le « dry needling » ou la technique de la puncture sèche est utilisé par les kinésithérapeutes pour atteindre les zones problématiques définies par des nœuds musculaires. Pour cela, ils insèrent de fines aiguilles dans la partie du muscle contractée. Lorsque les aiguilles pénètrent, elles forcent le muscle à se détendre et à libérer les substances neurochimiques qui causent la douleur. Une fois le point de déclenchement (aussi appelé trigger point) relâché, le muscle recommence rapidement à se contracter et à fonctionner normalement. Mais pourquoi ces nœuds toucheraient davantage les coureurs ? Comme tous les sportifs parce qu’ils sollicitent davantage leurs muscles avec des mouvements répétitifs (et n’écoutent pas toujours leur corps). « Les adeptes des sorties longues ou des entraînements intenses de running peuvent avoir des douleurs qui irradient dans les jambes ou le dos à cause de fibres musculaires contractées localement : les fameux trigger points » explique Noé Gérard, « la technique des aiguilles sèches peut réduire ces blessures ».

Le dry needling : pour quelles douleurs ? 

Doit-on se faire piquer chez le kinésithérapeute à la moindre douleur d’après course ? La réponse est non ! « Cette technique est indiquée en cas de douleurs dites atypiques, c’est à dire des douleurs récurrentes d’entraînements ou de courses et non pas des entorses ou tendinites classiques » détaille le spécialiste du dry needling. Une cartographie de tous les trigger points du corps existe et démontre qu’un seul nœud peut provoquer des douleurs étendues assez handicapantes pour les sportifs. Le runner averti Alassan Farah (https://www.instagram.com/alassanf/?hl=fr) raconte comment il a pour sa part expérimenté cette méthode il y a déjà quelques années  : « La première fois que j’ai essayé le dry needling, c’était pour soigner un syndrome de l’essuie-glace (ndlr un douleur sur la face latérale du genou) qui s’est manifesté pendant une période d’entraînement marathon donc plutôt intense. » Un rendez-vous qui a fait effet quasi-immédiatement et qui a rendu sa récupération de blessure plus rapide et plus efficace. Pour la plupart des douleurs, une ou deux séances suffiront à réduire le nœud musculaire. Mais attention, chaque dry needling doit être fait par un kinésithérapeute formé à la méthode.

« Attention, je pique ! »

Pour soigner au mieux les blessures avec les aiguilles, le thérapeute doit d’abord scanner le muscle à la palpation, trouver le trigger point puis le piquer. Alassan explique qu’il n’est « pas particulièrement sensible aux aiguilles mais que la sensation peut être surprenante pour certains la première fois ». En effet, en décontractant le muscle, cette petite aiguille (d’un diamètre maximal de 0,3 mm) provoque comme une légère décharge sous-cutanée. Mais pas de quoi s’inquiéter, contrairement à l’acupuncture qui laisse les aiguilles plantées sous la peau plusieurs minutes, la technique ne dure que quelques secondes. A ce propos, Noé Gérard tient à préciser : « Bien que l’on utilise des aiguilles d’acupuncture, en aucun cas cette technique ne travaille sur l’énergétique ou sur les points de médecine chinoise. » Autre point de la séance qui peut paraître surprenant pour les néo-patients : un mal peut être soigné en piquant une zone différente. Par exemple un runner qui se plaint d’une douleur récurrente au niveau du talon peut être traité par un dry needling au niveau du mollet : c’est ce que l’on appelle une douleur projetée.

Hors la phobie des aiguilles, y a t-il des contre-indications à l’utilisation de cette technique ? Selon le spécialiste, les seules restrictions qui s’appliquent concernent les personnes hémophiles, fiévreuses ou sous anti-coagulant. Et si vous vous inquiétez pour la suite, sachez que rien ne s’oppose à la pratique du sport après une séance de dry needling. Même si une légère courbature peut apparaître jusqu’à 48h après sur la zone piquée.

L’aiguille sèche en traitement de récupération ? 

Mais alors faudrait-il prendre rendez-vous chez le kinésithérapeute après chaque course traumatisante ? Pas vraiment ! Si Alassan admet que chaque séance a eu des « résultats probants » sur ses muscles, il a consulté son kinésithérapeute pour, à chaque fois, soulager de nouvelles douleurs. A l’heure actuelle, les études démontrent que le dry needling est adapté au traitement des blessures et non pas comme un outil de récupération. « Il n’est pas question de consulter en dry needling pour donner un coup de boost à vos muscles ou après chaque sortie longue » explique Noé Gérard ! Pour agir sur les muscles après un entraînement un peu soutenu, on se contentera donc pour l’heure d’un auto-massage avec un foam roller ou à l’aide d’un pistolet à percussions. Et si vous êtes réellement blessé, rendez-vous chez le kinésithérapeute, le dry needling est sans aucun doute la technique qui tombe à « pique » !

Par : Pauline Arnal  Running Heroes, le 4 janvier 2021

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